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Voyage en Irlande - 2012

Vendredi treize juillet.
A Roissy, en ce début d’après-midi d’une journée bénie des parieurs patentés, de petits groupes se font des signaux de reconnaissance, se hèlent et convergent finalement vers le comptoir d’embarquement de la compagnie nationale irlandaise Aer Lingus. Qu’est-ce donc ? Un congrès de cadres en goguette, un club sportif, une secte peut-être ? Non, tout simplement, quarante deux membres de notre association qui s’apprêtent à investir l’Irlande, ses mythes, ses sortilèges. Toutes les idées que l’on s’en fait, tous ces lieux communs vont-ils correspondre à la réalité ?
Après quelque imbroglio (dû à des homonymies d’identité parfaites) qui perturbèrent les formalités, nous montons avec notre guide, la charmante et efficace Véronique, à bord d’un Airbus A330 et, à Dublin, réussissons à mettre la main sur notre chauffeur, Paul, dont la vélocité, la compétence et la bonhomie parfois facétieuse pimentèrent notre périple d’une semaine.
Quittant la capitale, nous traversâmes l’île pour gagner directement le Connemara et loger près de Galway, à Oughterard, au Connemara Gateway, hôtel élégant mais à la gloire passée et quelque peu vieillissant. Celui-ci étant dépourvu de licence d’alcools, notre petite équipe prit soin de s’approvisionner préalablement afin de se munir de réserves adéquates…
Le Connemara est « de toute la sauvage Irlande le plus sauvage endroit », région où l’homme semble avoir renoncé à domestiquer la nature, « préférant vivre à son rythme plutôt que de lui imposer le sien ».

Port de RoundstoneSamedi quatorze.
Première véritable journée après le long aperçu de la veille et première référence cinéphilique : le site, près de Maam Cross, où fut tourné « L’Homme tranquille » (John Ford, 1952)  avec Maureen O’Hara et John Wayne relatant le retour au pays d’un Américain et célèbre pour une scène de bagarre d’anthologie. Les petits ports de Roundstone (photo ci-contre) et de Clifden avec leurs galeries d’art, barques de pêche à la langouste et petits cimetières romantiques aux tombes séculaires ponctuent un paysage de torrents, de lacs et de hautes collines parsemé de tourbières, de murets omniprésents, de fuchsias, de rhododendrons, de  fleurs de coton et où évoluent de gracieux poneys sauvages.
Puis nous visitons longuement l’abbaye de Kylemore, en fait une bâtisse de style néo-gothique où s’établirent des bénédictines qui y créèrent un pensionnat de jeunes filles aujourd’hui fermé. Un jardin d’agrément assez riche et en partie rénové la jouxte ainsi qu’un petit joyau, reproduction en miniature d’une sorte de cathédrale dédiée à l’épouse décédée du créateur du lieu, riche industriel.
C’est dans cette région sauvage et désolée que Marconi installa la première station transatlantique de TSF et que les pilotes Alcock et Whitten-Brown atterrirent en 1919 après avoir effectué la première traversée indirecte de l’Atlantique.

Dimanche quinze.
Nous embarquons à Rossaveel pour un des moments forts du voyage, la visite d’une des îles d’Aran, à la personnalité et au particularisme très affirmé décrits en 1934 dans de film documentaire de Robert Flaherty. Ces îles semblent, selon Synge, « un endroit béni  du ciel car elles ont survécu à tous les changements qui ont bouleversé l’Europe »Dans ce bastion de la tradition gaélique, un curieux vestige, Dun Aengus , forteresse de pierres sèches construite vers neuf cent avant J.-C.  Son plan en ellipse domine les flots d’une cinquantaine de mètres et on se perd en conjectures sur la signification de certains sites (sacrifices ?). Barques de bois recouvert de toile goudronnée, pulls en laine naturelle (les épouses de marin les tricotaient avec des motifs différents pour reconnaître leur mari en cas de naufrage…) et artisanat du bois sont caractéristiques de l’ancienne rudesse îlienne.
Le soir, après la commémoration de la fête nationale la veille, nous célébrons les anniversaires de trois charmantes dames : Andrée, Marie-Annick et Lydie auxquelles se joignent  trois autres récipiendaires : les  messieurs abonnés du douze juillet, hors délais mais néanmoins repêchés.

Falaises de MoherLundi seize.
Après avoir traversé Galway, ville universitaire mariant tradition et modernité, nous consacrons la matinée au Burren, plateau karstique assez étrange et désolé qui fit dire à Ludlow, bras droit du sinistre Cromwell « Il n’y a là pas assez d’eau pour noyer un homme, pas assez d’arbres pour le pendre et pas assez de terre pour l’ensevelir »…Après une escale dans une ferme d’élevage de saumons, à l’intérêt plus commercial que scientifique et le château  de Dunguaire ( XVIème) massif et se mirant dans les eaux, nous sommes impressionnés par les célèbres falaises de Moher (photo ci-contre), véritable rempart plongeant dans l’océan , que nous avons pu voir sous le climat idéal pour ce type d’endroit : bruine, embruns, vent, ciel changeant.
Un paysage de mégalithes, de dolmens et d’orchidées sauvages où nous croisons  des tinkers, gens du voyage locaux, mène au ferry avec lequel nous traversons l’estuaire du Shannon  pour nous rendre à Tralee où nous logeons à l’hôtel Grand, vénérable édifice victorien. S’ensuivit une soirée au pub, le Baily’s Corner, où un groupe de quatre musiciens, les Oilean, alterna complaintes nostalgiques et danses endiablées auxquelles nous participâmes ; après avoir écouté  « Molly Malone » (photo plus bas, en compagnie de Leprechaun) ou « La Rose de Tralee », nous pûmes entonner quelques airs de notre propre répertoire.

Mardi dix-sept.
Pub irlandaisLe comté de Kerry nous offre une grande diversité de paysages et une route panoramique,  l’Anneau du Kerry, longe la côte découpée. Les fantômes de Saint-Brendan qui, selon la légende, découvrît l’Amérique et de Daniel O’Connell , pionnier de l’émancipation irlandaise, planent sur cette région où fut tourné le mélodrame de David Lean, «La fille de Ryan ».  Nous visitons une reconstitution, le Kerry Bog Village avec sa maison du tailleur de tourbe, celle du couvreur de chaume, une forge et des animaux spécifiques, tels le poney du Kerry, naguère en voie d’extinction ou le gigantesque lévrier irlandais. Après un déjeuner à Waterville et une halte au Ladies view, ainsi nommé en l’honneur des dames de compagnie de la reine Victoria, nous abordons le parc national de Killarney, ses merveilleux lacs, sites romantiques qui enchantèrent Walter Scott et bien d’autres.
Le parc de Muckross, ses chênaies et ses rhododendrons géants, offre un grand intérêt pour les botanistes.  Dans un petit village, Sneem, nous avions remarqué, outre de nombreuses sculptures, une stèle en hommage au Général de Gaulle qui y séjourna lors de son voyage en mai 1969 après son retrait de la vie politique. A Tralee, après le dîner, nous assistâmes à d’acharnées course de lévriers au Kingdom Greyhound Stadium où nos apprentis parieurs ne firent hélas pas fortune. Ces courses sont très populaires au même titre que des sports locaux comme le football gaélique ou le hurling (proche du hockey sur gazon).Ensuite, quelques survivants envahirent un nouveau pub animé par deux musiciens aux instruments électrifiés.

Mercredi dix-huit.
Dans le comté de Tipperary, nous faisons plusieurs haltes : Adare, un des plus beaux villages d’Irlande avec ses cottages au toit de chaume, son prieuré franciscain et ses deux abbayes voisines, Black Abbey et Trinitarian Abbey. Puis Cahir et le majestueux  château  de la famille Butler (XVème), bâti sur un socle rocheux et comprenant trois tours, un donjon et trois cours intérieures. Théoriquement imprenable, il le fut malgré tout par le comte d’Essex envoyé par Elizabeth I en 1599. Nous rejoignons la capitale en admirant de loin l’éperon rocheux de Cashel, un des plus beaux ensembles médiévaux européens , traversant une région propice à l’élevage de chevaux réputés. Nous sommes accueillis au Green Isle, hôtel fonctionnel mais sans grande âme.

Molly Malone et le LeprechaunJeudi dix-neuf.
Nous nous rendons au sud de Dublin au pied des Monts Wicklow, ancien repaire de rebelles pendant les longs siècles de conflits avec l’Angleterre et notamment au Glendalough Park (Vallée des deux lacs en gaélique) afin de visiter un ancien monastère fondé au VIème par Saint Kevin. Jadis florissant, entouré pendant près de huit siècles d’une communauté villageoise, seuls subsistent une tour ronde (à la fois tour de guet, refuge et clocher)  et sept petits édifices religieux témoins de l’architecture locale primitive. Nous pouvons admirer dans un petit musée proche des croix fort anciennes et des dalles funéraires gravées.
De retour à Dublin, nous pouvons admirer les quais de la Liffey , Merrion square et son bel ensemble d’immeubles de style géorgien, aux portes très colorées et aux ferronneries délicates, O’Connell street, sa Grande Poste, quartier général de l’insurrection de 1916 et son monument des quatre Victoires ailées symbolisant le courage, la fidélité, l’éloquence et le patriotisme, la cathédrale Saint-Patrick, le parc du Phénix (résidence du Président, ambassade américaine, parc zoologique et colonne en hommage à Wellington ).Enfin, deux visites mémorables : le Trinity College où planent les ombres de James Joyce, Yeats, Synge ou Beckett ; sa très belle bibliothèque dans laquelle on se laisserait volontiers enfermer afin de consulter paisiblement les vieux manuscrits comme le Livre de Kells, peut-être le plus bel évangéliaire du Moyen Âge , probablement rédigé au neuvième siècle par des moines de l’île d’Iona (visitée lors de notre séjour en Ecosse en 2002) et où est exposée la harpe de Brian Boru qui battit les Vikings en 1014 et tenta de réaliser l’unité irlandaise. Enfin la visite de la distillerie de whiskey Jameson ou plutôt son siège, l’usine ayant été transférée à Cork. Une délégation de notre groupe judicieusement choisie put tester et reconnaître divers breuvages.
Comme nous ne désirons pas nous quitter abruptement, un  pot d’adieu fut organisé dans une des chambres, ce qui nous donna l’occasion de battre notre record (44 personnes, guide et chauffeur compris)…

Vendredi vingt.
Après quelques achats de dernière minute (lainages, saumon, whiskey, Guinness à défaut de pouvoir ramener de l’Irish coffee, du stew (ragoût) ou du poulet au gingembre), retour par la même compagnie et véritable séparation à Roissy.
avionEn guise d’épilogue, deux citations :

« En ce moment grave de ma longue vie, j’ai trouvé ici ce que je cherchais : être en face de moi-même.
L’Irlande me l’a offert de la façon la plus délicate, la plus amicale ». (Charles de Gaulle).

« Nous sommes tous dans le caniveau mais certains d’entre nous regardent les étoiles ». (Oscar Wilde).

Compte-rendu de Jean-François Asselin