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Association des Ancelin Asselin et Asseline de France

De Lisbonne à l'Algarve - 2018



Le voyage au Portugal, intitulé « de Lisbonne à l’Algarve », s’est déroulé du 26 mai au 2 juin 2018. Il a conduit ses participants de la capitale, Lisbonne, à l’extrême sud du pays, faisant découvrir des paysages, un habitat, et une flore variés.

Dès nos premiers pas à l’aéroport de Lisbonne, nous avons été invités par un jeune guide, Yohan, à nous installer dans un bus conduit par un jeune conducteur, Bruno ; l’un et l’autre se sont montrés agréables à vivre et dévoués à l’égard de notre groupe, dont plus d’un membre aurait pu être leur grand-mère ou grand-père.

Puis en route pour lAlentejo, province au-delà du Tage (Tejo en portugais), qui prend ses aises à Lisbonne au point de former comme une mer intérieure, que nous traversons par le pont Vasco de Gama, gloire locale dont nous aurons l’occasion d’entendre parler à plusieurs reprises. Le tissu urbain se délite rapidement pour laisser place, de part et d’autre de l’autoroute, à un paysage assez banal, l’Alentejo constituant un vaste plateau qui se heurte à l’est aux sierras espagnoles.

Nous trouvons néanmoins matière à nous distraire au spectacle des cigognes, fort nombreuses en ce pays, qui élisent domicile ici ou là, de manière fort opportuniste : nous apercevons ainsi des pylônes électriques, squattés à chaque niveau de la structure métallique par leurs nids où les cigogneaux guettent le retour des parents nourriciers. C’est comme une HLM, avec électricité à tous les étages ; pour l’eau, le ciel, par trop nuageux à notre goût, doit y pourvoir sans problème ; quant à l’ascenseur, nul besoin pour un oiseau migrateur.

Plus nous avançons, plus la densité des arbres nous surprend : eucalyptus élancés, acclimatés d’Australie pour reboiser le pays ; chênes verts, chênes liège (dont nombre ont le tronc dépouillé de leur écorce, le Portugal étant un des principaux producteurs de liège), oliviers piquettent les prairies où paissent d’importants troupeaux de bovins et, quoique plus rares, de moutons. L’habitat, par contre, est peu dense. Les ponts surmontent le cours de rios à sec, bien que nous ne soyons que fin mai.

Notre première journée s’achève à Evora, capitale de l’Alentejo, où nous pouvons dès le dîner nous initier à un incontournable de la gastronomie portugaise, le bacalhau (morue), et à une spécialité de la région, le porc, agrémenté de praires dans la recette du « porc à l’alentejane » .

Le lendemain, nous gagnons la ville royale d’Estremoz, ville citadelle cernée de remparts, sommée d’un castel médiéval. Nous sommes invités à gravir la Torre de Menagem : l’ascension s’avère éprouvante et en décourage plus d’un.
Les
azulejos, ces carreaux de céramique à décor bleu (azul = bleu) sont omniprésents, le marbre également, l’Alentejo produisant en masse ce matériau. Notre guide nous relate l’histoire d’une reine qui désobéissait à son époux royal : glissons sur cet épisode navrant. Nous découvrons au musée local les « bonecos » figurines à la facture et au décor naïfs, typiques de la ville qui est depuis toujours un important centre de poterie.
Nous quittons
Estremoz pour gagner Borba, autre ville ancienne, où un petit restaurant typique nous attend pour la soupe aux choux, servie à volonté, mais sans attirer les extra-terrestres.
Alors que nous regagnons le bus, notre guide, agile comme un singe, se hisse dans un des innombrables orangers qui ombragent les trottoirs, et en secoue les branches pour à notre intention faire choir au sol les fruits mûrs ; et cela sans troubler les clients d’un café voisin, attablés en terrasse ; ces pauvres touristes doivent venir d’un pays où on connaît la faim !
La journée se poursuit et s’achève par la visite à
Vila Viçosa du palais des ducs de Bragance , famille dont est issue la dernière dynastie ayant régné au Portugal. Nous y voyons des peintures de la main de l’avant-dernier souverain, Charles Ier, assassiné en 1908, deux ans avant l’instauration de la république. L’homme fut sans doute un artiste plus doué que le politique : erreur d’orientation, mais c’était le système qui décidait !
Nous visitons également le musée des carrosses.
Puis nous regagnons
Evora, dont la visite est programmée le lendemain.

Comme toutes les autres cités dont nous avons arpenté les rues au sol garni de pavés, Evora a été celtibère, puis romaine, puis wisigothe, puis maure, puis chrétienne. A Evora demeurent les murailles édifiées par les Romains, et les ruines d’un temple dédiée à Diane, ou Artémis, sœur jumelle d’Apollon, déesse de la chasse, de la Lune et, souvent mal lunée, peu encline à se laisser conter fleurette par les messieurs.
Des rues pentues et tortueuses nous conduisent à la cathédrale gothique. Autour de l’église des franciscains la ville est plus ouverte, l’édifice étant de construction plus tardive. Histoire de rappeler aux visiteurs que la vie n’est pas qu’une partie de rigolade, la chapelle des Os offre le spectacle de crânes et tibias tapissant ses murs ; quelques ossements manquent, un propriétaire de chien indélicat se serait-il servi ? Ce n’est qu’une hypothèse.
La Praça (place) do Giraldo, bordée de galeries, nous offre un exemple du travail des « calceteiros » qui, en disposant avec un art consommé des « calçadas » (petits pavés bruts de teinte blanche ou gris-noir, polis par l’usage, que l’on retrouve au sol des places et trottoirs partout au Portugal), ont formé des motifs décoratifs.
La vénérable université d’Evora, la plus célèbre du Portugal après celle de Coimbra, s’organise autour d’un cloître sur lequel s’ouvrent sur deux étages des galeries donnant accès aux salles de cours ; leurs murs couverts d’azulejos désignent la discipline qui y était enseignée.

Avant cette visite nous nous sommes rendus dans une cave coopérative pour déguster les produits des oliveraies et des vignes qui dressent dans le paysage leurs troncs trapus et noueux ou leurs rangs bien alignés.
Il y a d’abord eu projection d’un film dont l’intérêt s’est signalé chez plus d’un parmi nous, contraint par les exigences de la nature de sacrifier à un rite post-prandial, par l’émission d’un signal sonore confirmant l’attention soutenue du spectateur. Puis parcours des lieux; nous sommes enfin admis à tremper des bouts de pain dans de l’huile et à faire couler le tout par un verre de vin rouge.

A l’aube du quatrième jour, après comme à l’accoutumé un petit déjeuner frugal, nous quittons Evora pour Elvas. Nous retrouvons en chemin le spectacle de collines éventrées et de blocs de marbre amoncelés. Les flèches des engins de levage désignent çà et là le responsable de ce chaos minéral : l’homme, en proie depuis des millénaires à la « maladie de la pierre ».

Arrivés dans les parages d’Elvas, le bus nous hisse jusqu’à une première forteresse. Le paysage est plus accidenté, le relief plus marqué ; nous en profitons pour prendre un bol d’air, car le vent est de la partie, mais pas le soleil. Il a raison, car parvenus à Elvas même, nous réalisons qu’une trop grande chaleur handicaperait notre découverte de cette cité puissamment fortifiée. L’Espagne est proche, avec ses souverains qui, maîtres d’un empire où le soleil ne se couche jamais, se seraient bien vus également régner sur l’intégralité de la péninsule justement nommée « ibérique », en annexant leur petit voisin et ses possessions outre-mer.
Au cour de la visite d’Elvas, notre attention est attirée sur un haut pilier en marbre, appelé « pelourinho », trônant au milieu d’une placette : le pilori, instrument de supplice pour les personnes condamnées, notamment par le tribunal de l’Inquisition.

Le déjeuner dans un petit restaurant local nous rappelle utilement que la mer, où la morue nage en bancs nourris, n’est jamais loin dans ce pays étiré du nord au sud, et largement ouvert sur l’Océan Atlantique. Pourvu que ce qui nous régale ne devienne pas source d’addiction (car il ne faut pas manger trop salé, tous les médecins le disent) !

Un nid d’aigle nous attend dans l’après-midi, Montsaraz, érigé sur un éperon qui domine un immense plan d’eau, le lac Aquavelva, alimenté par le rio Guadania, et dont la visite au pas de charge nous confirme la destination militaire.

Pour nous permettre de reconstituer nos forces, il est prévu de nous conduire à Serpa pour y déguster du fromage de brebis.

Nous gagnons enfin le terme du voyage de la journée : quoi, déjà Beja, car c’est en effet dans cette dernière ville que nous faisons étape.
Une étape culturelle car, après un dîner qui ne nous laisse pas de souvenir impérissable, sans aucun doute pour nous rendre plus réceptifs à ce qui va suivre, nous sommes censés assister à un récital de « cante alentejano », chant choral traditionnel, qui puise ses racines dans les pratiques musicales des Maures, notamment par un recours à la modulation dans l’expression vocale.
Le moment venu, nous voilà donc sagement assis dans une salle annexe au restaurant de l’hôtel. Face à nous viennent un par un s’aligner, vêtus uniformément de noir, des chaussures au chapeau, à l’exception d’une chemise rose et d’un foulard bleu, de dignes messieurs dont l’aspect austère laisse présumer que l’on ne va pas s’aventurer dans un registre frivole. Et, sans aucun accompagnement d’instrument, le chant commence entonné par l’un, repris par l’autre, dans des tonalités graves, puis par tout le chœur, chacun gardant une mine impassible. Vers la fin du récital, notre équipe de gais lurons se met en branle, associant chant et mouvement : la chorégraphie se limite à un glissement latéral de gauche à droite puis retour, chacun ayant passé les bras sous ceux de son voisin, chacun trouvant son assurance dans la présence de l’autre à ces côtés ; elle laisse le sentiment que la vie des gens modestes, que sont manifestement ces hommes aux physionomies marquées par les ans et les travaux quotidiens, n’était pas drôle tous les jours en Alentejo, région traditionnellement pauvre.
Ils se dérident le récital achevé, et échangent sourires et poignées de mains avec les membres du groupe ; est-ce l’émotion, nous oublions d’acquérir le CD proposé par nos chanteurs, que nous aurions pu offrir à nos proches de retour au pays pour égayer leurs soirées.

Le lendemain nous voit quitter l’Alentejo pour gagner l’Algarve. Le relief s’anime, l’habitat devient plus dense ; les petites maisons (toujours blanches, comme en Alentejo) sont couronnées de cheminées coniques.

Nous nous arrêtons à Olhᾶo (se prononce Ollion), port de pêche protégé du large par plusieurs îles, dont certaines habitées, formant un cordon littoral, l’ensemble constituant le parc naturel de la Ria Formosa. Embarqués à bord de deux canots dont les pilotes vont se révéler des guides hauts en couleur, nous gagnons l’île do Farol, où un déjeuner de poissons grillés recueille des suffrages unanimes. Il est renoncé à la baignade promise ; non que les eaux s’avèrent moins cristallines qu’annoncé, mais le fond de l’air s’entête à être frisquet, comme en témoignent les trésors d’inventivité déployés à bord des bateaux pour se prémunir, hélas vainement pour plus d’un d’entre nous, de ses effets délétères.
Nous arpentons ensuite brièvement la rue principale, qui va se perdre dans les dunes, du village de pêcheurs qu’abrite l’île de
Culatra. L’inventivité des habitants pour transformer chacune de leurs pittoresques demeures en quelque chose tenant à la fois du bric-à-brac d’un brocanteur et d’un jardin de curé nous laisse admiratifs.
De retour à bon port, nous poursuivons vers l’est en direction de
Tavira, petite ville côtière, avant de gagner une autre petite ville à l’intérieur des terres, Monte Gordo, pour y passer la nuit.

Le jour suivant, nous nous mettons en route pour Lagos, anciennement capitale de l’Algarve (aujourd’hui Faro). Le soleil est de la partie, la température enfin de saison.

C’est un jour férié (jour du corps du Christ) : le marché aux esclaves, situés aux abords immédiats des quais de ce port, premier de ce type en Europe, est hélas fermé. Les amateurs d’emplettes devront se rabattre sur les magasins de curiosités qui, eux, demeurent ouverts pour les touristes.
La statue du roi Henri le Navigateur rappelle que c’est de Lagos que sont partis les hardis navigateurs portugais, en quête de découvertes, et de richesses. C’est néanmoins de Lisbonne, et sous le règne de Jean II, que le fameux Vasco de Gama embarqua à la conquête des Indes Orientales.

Nous gagnons à proximité le Ponte da Piedade, ensemble de falaises rocheuses à l’ouest de Lagos, qui s’abîment dans l’océan en laissant comme preuve de l’inépuisable force des eaux des pitons rocheux, détachés de la côte, et dont le processus de formation est encore en cours pour certains, comme le démontre la présence d’arches sous lesquelles les vagues s’engouffrent.

Encore empreints de la majesté du site, nous repartons vers les hautes collines dont le complexe se poursuit jusqu’à l’océan : nous faisons halte à Silves, dont la ville haute est ceinte de murailles de grès rouge, intégralement restaurées dans les années 1960.
Etant donné qu’un déjeuner de porc rôti (et le bacalhau alors?) nous attend dans les environs de cette ancienne cité maure, une cigogne perchée sur la cathédrale craquette avec ardeur pour battre le rappel des membres du groupe éparpillés sur le chemin de ronde.

Le trajet pour gagner Lisbonne, où nous devons passer les deux dernières journées, nous occupe jusqu’au soir. Encore une fois, nous nous étonnons de la présence massive des arbres, auxquels se mêlent désormais force résineux, dans le paysage que traverse l’autoroute. Nous comprenons mieux pourquoi les incendies de forêts, qui ont défrayé la chronique au Portugal les années précédentes, peuvent revêtir un aspect dramatique dans ce pays où l’eau paraît rare, nonobstant l’importante façade maritime.

Parvenus à Lisbonne, point de départ et but ultime de notre voyage, et désormais en-deçà du Tage, nous repartons rapidement nous sustenter dans un restaurant typique sis dans un lacis de rues étroites où le bus ne peut s’aventurer. Tout se passe bien : le bacalhau est revenu, en compagnie des pommes de terre (le tout étant d’ailleurs bien cuisiné).
Sur le chemin du retour, le peloton s’étire pour regagner le bus. Une rumeur court dans les rangs : une d’entre nous voit son état physique lui causer des alarmes. Alors qu’inquiets nous arrivons enfin aux abords de l’hôtel, elle doit renoncer à descendre du bus. Il faut se résoudre à appeler les urgences médicales : le guide et le chauffeur, associant leur pratique de l’anglais et du portugais, s’y emploient. Une ambulance arrive ; une chaîne de solidarité s’est formée, associant le personnel médical, des membres du groupe, le guide, le chauffeur, pour aboutir à la pose d’un diagnostic, par le truchement de compétences linguistiques associées, et réconforter l’époux à juste titre consterné.
Notre amie est conduite à l’hôpital, accompagnée du guide ; son époux la suit, assisté d’un des nôtres à l’aise en anglais. Au milieu de la nuit tout ce petit monde regagne l’hôtel, rassuré. Les autres participants au voyage le seront à leur tour au matin.

L’avant-dernier jour nous voit donc prêts à la conquête de Lisbonne (Lisboa en portugais). Départ pour Belem, quartier en bordure du fleuve dans la partie ouest de la capitale. Nous commençons par y déguster le célébrissime « pasteis de nata », pâtisserie servie chaude, à la recette tenue secrète, où un fonds de pâte feuilletée enclôt une crème pâtissière.
Ainsi mis en appétit de découverte, nous partons nous agglutiner aux queues qui déjà se forment devant l’entrée du Mosteiro dos Jerónimos (monastère des Hiéronymites). Magie des privilèges accordés aux groupes, nous serons pratiquement les premiers à pénétrer dans le cloître où le style « manuélin » s’épanouit, se caractérisant par la surabondance des motifs décoratifs.
Dans la chapelle, nous nous trouvons en présence de gisants en l’honneur de Vasco de Gama, le grand découvreur (et conquérant) des Indes Orientales, et de Luiz Vaz de Camões (connu en France sous le nom de Camoëns), qui célébra dans son poème épique Os Lusiadas (les Lusiades) les aventures maritimes du susnommé.
Une plaque discrète rappelle que les cendres de Fernando Pessoa reposent également depuis 1985 dans ce lieu prestigieux. Nous reviendrons brièvement sur celui-ci. Nous sommes ensuite conviés à admirer un autre haut lieu du style manuélin, la Tour de Belem, ouvrage fortifié en forme de caravelle, situé avant le dramatique séisme de 1755, qui a déplacé le cours du Tage, au milieu de ce fleuve, pour protéger le port d’incursions ennemies.
Nous achevons la visite de la rive par le Padrão dos Descobrimentos, monument à la gloire des découvreurs portugais, érigé en 1960 à l’occasion du 500ème anniversaire de la mort d’Henri le Navigateur, roi qui a donné une impulsion déterminante aux voyages maritimes où les Portugais se sont illustrés, à une époque où naviguer loin des côtes était une aventure risquée. Des tapas nous sont servis à l’occasion du déjeuner dans un restaurant typique : il ne s’agit que d’échantillons de nourritures diverses, mais proposés en assez grand nombre pour permettre de se restaurer ; nous ne pouvons cependant nous empêcher d’éprouver un sentiment de frustration, car il n’y a pas de bacalhau agrémenté d’allumettes de pommes de terre.

Il convenait de reprendre des forces avant l’épreuve qui nous attendait l’après-midi : parcourir le quartier escarpé de l’Alfama, qui témoigne de la présence des Maures à Lisbonne. Il est vrai que l’expédition s’effectue à bord de « tuk-tuk », véhicules au confort sommaire qui doivent sans doute leur nom au moteur pétaradant qui les animait. Les nôtres sont heureusement dotés de moteurs électriques : on peut ainsi profiter du fracas de la rue, où domine le ferraillement de « l’electrico », le tramway antédiluvien qui s’élance à l’assaut des pentes de Lisbonne, ville aux sept collines (comme Rome). Nous découvrons un quartier attachant, regorgeant d’édifices religieux, aux ruelles étroites vouées désormais aux magasins pour touristes.
La visite se poursuit au Parque das Nações, le Parc des Nations, secteur urbain créé à l’est en rive du Tage pour l’exposition universelle de 1998. Là il nous est donné licence de déambuler dans un centre commercial pour y satisfaire un désir d’emplettes.
La journée s’achève dans un restaurant où nous pouvons goûter la ginjinha, liqueur de cerise fortement sucrée.

Nous sommes allés au-delà et en deçà. Et au milieu ? au milieu coule une rivière, ou plutôt un fleuve puisque le Tage apporte directement ses eaux à l’océan. Pour le dernier jour, justement nous embarquons pour une croisière sur le Tage. Le temps s’est maintenu au beau, mais le vent est toujours aussi frais, notamment sur la passerelle supérieure où bon nombre d’entre nous se sont installés pour en prendre plein les yeux. Après être passé sous le pont dit du « 25 avril » (1974, en référence au jour du déclenchement de la « révolution des œillets » qui a vu la chute de la dictature imposée depuis 1933 au Portugal), construit en 1966 par la même entreprise que celle qui a réalisé le fameux Golden Gate à San Francisco (d’où des similitudes), le navire a longé la rive à hauteur du quartier de Belem, nous permettant d’admirer sous une autre perspective la tour éponyme, le monument aux découvreurs ; puis, la navigation se poursuivant, les différents quartiers de Lisbonne aux constructions étagées sur les collines, le moderne côtoyant l’ancien, certains bâtiments affichant des façades très colorées, et d’autres, il faut bien l’admettre, délabrées.

Avant la fin du voyage, nous découvrons l’espace largement ouvert de la Praça do Comércio (Place du Commerce), avec ses colonnades, son arc de triomphe et, trônant au milieu, la statue équestre monumentale de Joseph Ier, souverain réformateur qui survécut à l’effondrement de son palais lors du séisme (avec tsunami) du 1er novembre 1755, et nomma en qualité de premier ministre le marquis de Pombal, reconstructeur énergique d’une capitale réduite à l’état de ruines. Pour reloger une population amputée d’un tiers, l’intéressé opta pour des procédés économiques et un plan en damier (les immeubles de style dit « pombalien » sont dépouillés).
En descendant du bateau, nous sommes conduits au Mercado da Ribeira (marché de la rivière) qui associe étals de poissonniers, bouchers, marchands de fruits et légumes et boutiques de souvenirs et produits typiques, avec en position centrale des restaurants offrant toutes sortes de spécialités que l’on consomme à des tables qui ne sont pas affectées à un établissement particulier. Le lieu apparaît particulièrement fréquenté et quelque peu « branché ».

Un ultime déjeuner dans un restaurant du Chiado où le colin en beignets ravit la vedette au bacalhau, avant de gravir, à pied cette fois, la colline dominant la Baixa où se dressent les murailles du Castelo São Jorge (château Saint Georges) érigé par les Maures et offrant une vue incomparable sur les quartiers anciens de la ville et, bien sûr, le Tage.

Le voyage prend fin là où il a commencé : à l’aéroport de Lisbonne. Nous prenons congé de notre guide et de notre chauffeur, qui se sont montrés à la hauteur des responsabilités pesant sur leurs épaules. Puis ce sont les formalités habituelles, avant le décollage (à l’heure prévue, tout arrive). De retour à Roissy, ce sont les au revoir.
La « saudade », cette mélancolie/nostalgie qui, dit-on, constitue le fond de l’âme portugaise, et qu’exprime notamment le « fado », chant populaire illustré par Amalia Rodriguez, s’est à l’évidence emparée de nous. Il faut bien la ferme promesse de se retrouver bientôt pour de nouvelles aventures, avec ou sans bacalhau, pour la dissiper quelque peu.

Claude Andrieux
et Marianick Andrieux