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Rouen : l'hôtel Asselin (article paru dans le Fil d'Ariane n°31)

On connaît les hôtels des grands négociants nantais ou bordelais, ceux de la magistrature aixoise ou toulousaine et, à Paris, les demeures du Marais ou du Faubourg Saint Germain.
Mais qui, hors quelques amateurs de vieilles pierres, sait vraiment que Rouen offre un patrimoine de même nature, et souvent, de même intérêt ?
Les Rouennais, il est vrai, y sont pour quelques chose, probablement moins portés que d’autres à l’ostentation.
Comme l’écrivait André Maurois : « Une grande fortune rouennaise est pudique ; on a en ville un vieil hôtel, quelquefois un petit château dans le village d’où sortit la famille, mais peu de domestiques, peu de luxe. » …
Pour combler cette méconnaissance, la Société des Amis des Monuments Rouennais vient de publier une belle plaquette consacrée aux hôtels particuliers de Rouen.
Parmi quatre vingt six édifices répertoriés, nous nous intéresserons plus particulièrement à l’hôtel Asselin. Voici quelques extraits du texte que lui consacre Olivier Chaline, professeur à la Sorbonne :
« Il s’agit du plus vaste et du plus somptueux hôtel de négociant réalisé à Rouen. Son constructeur, Antoine Asselin « Marchand demeurant rue et paroisse Saint Etienne des Tonneliers », avait auparavant acheté pour 30 000 livres le 30 mai 1710 aux héritiers de Pierre de Ferrare, une grande maison consistant en plusieurs corps de logis et cours, sur une parcelle qui se développait à l’intérieur du pâté de maisons et n’était reliée à la rue que par une porte cochère au bout d’une allée.
Hôtel AsselinLa demeure désormais propriété d’Antoine Asselin jouxtait le presbytère, le cimetière et l’église Saint Cande le Jeune. Environ dix ans après cet achat, elle fut démolie pour laisser place à une construction ambitieuse et soignée, tout à fait au goût du jour.
Le 9 février 1722, le marchand Pierre Jore, administrateur de l’Hôtel-Dieu de la Madeleine, fieffe à Antoine Asselin une maison avec deux corps de logis donnant sur la rue de Ours. Cet acte est doublement intéressant : d’abord parce que Antoine Asselin, qui se fait représenter par le marchand Pierre Hays, y est dit « banquier à Paris », et ensuite parce qu’il porte la mention, tout comme la procuration qui l’accompagne de la grande maison que le Sieur Asselin fait actuellement bâtir.
En 1722, l’hôtel sur cour est donc en construction.
Ces renseignements sont confirmés par des pièces de procédure, conservées dans les papiers de la paroisse Saint Cande, puisque, dès 1723, les trésoriers, inquiets des conséquences du chantier sur les fondations du clocher et des empiètements de leur riche voisin, ont commencé contre lui un procès ; ils l’accusent non seulement d’être un « religionnaire », autrement dit un protestant, mais aussi de s’être enrichi grâce à de fructueuse spéculations lors du récent Système de Law, funeste aux rentes assurant les revenus de la paroisse.
Les juges du bailliage, pour examiner le bien-fondé des plaintes des trésoriers, envoyèrent le 20 mars 1725, deux experts dont le procès-verbal ne nous est malheureusement pas parvenu.
Après la mort d’Antoine Asselin en 1728, la demeure passa à sa veuve, Anne Guillaudot puis à se quatre filles qui la vendirent le 15 avril 1748 pour 67000 livres à Nicolas Gaillard.
Les héritiers Gaillard vendirent le tout le 3 juillet 1783 au négociant Louis Charles Marie Desvé pour la somme très importante de 120 000 livres. (Etaient compris dans la vente les « plaques de fonte, pierre à laver, corps de pompe en plomb avec tuyaux et accessoires, auge en pierre, caissons de bois, corps d’armoires, garde-robes et buffets, lambris placés à hauteur d’appui, tables de marbre, glaces, tringles de fer garnies de leurs roulettes à poulie, fontaines et cuvettes de cuivre rouge, consoles, deux cheminées à la prussienne, chaudières de cuivre rouge … »)
Hôtel AsselinIl semble que la nouvelle acquisition n’ait été pour Louis Desré qu’une belle occasion de plus-value, car il revendit dès le 5 octobre 1784, 135 000 livres soit la somme la plus élevée jamais atteinte pour un hôtel à Rouen avant la révolution, au négociant Nicolas Quesnel, que la possession d’une charge de notaire secrétaire du roi était en train d’anoblir. Cette fois, la maison demeura plus longtemps en possession de la même famille ; les Quesnel accrurent leurs biens de la rue de urs en se portant acquéreur aux enchères le 18 février 1972 pour 125 000 livres de l’église Saint Cande désaffectée dont le sort fut désormais lié à celui de l’hôtel voisin.
C’est dans les dernières années du XIXème siècle que le destin de l’hôtel et de l’église (transformée en magasin) change brutalement à cause du voisinage de la Société Normande d’Electricité. Le développement de la production depuis 1887 dans deux maisons voisines transformées en usine, puis la fondation de cette société conduisirent cette dernière à louer l’ancienne église et l’hôtel, puis enfin à les acheter en 1894.
Le résultat fut la destruction de l’église jusqu’alors intacte et de l’aile orientale de la cour. De Saint Cande survécut le clocher reconverti en pylône hérissé de fils électriques et, de l’hôtel, le portail ainsi que trois des quatre côtés transformés en bureaux.
Tels furent les locaux qui passèrent à la Compagnie Centrale d’Energie Electrique, puis à Electricité de France, jusqu’à leur récent retour à la fonction d’habitation (vers l’an 2000).
L’Hôtel Asselin formait un vaste ensemble de bâtiments que le grand portail annonce avec un faste inattendu mais sans cependant laisser deviner toute l’ampleur de ce qui se cache dans l’îlot.
Ce portail en pierre, cintré, comporte en mascaron la tête d’Hercule à barbe, enveloppée dans la peau du lion de Némée.
Au tympan en bois se lisent deux lettres du nom du bâtisseur, AL.
Point d’armoiries, mais le patronyme, sans même un nom de terre, qu’on retrouvera sous la forme ASL sur les cartouches des ferronneries de l’escalier et des balcons de la cour d’honneur.
Le portail ne donne pas directement accès à la grande cour : il ouvre, après un passage voûté sur une petite cour qui est celle de la maison sur rue, puis une deuxième voûte donne accès à la cour d’honneur, de dimensions exceptionnelles (992 m2) pour ce quartier au cœur le plus dense de la ville marchande.
Les décorations des trois ailes conservées sont d’une qualité qui a peu d’équivalents à Rouen en dehors des bâtiments publics ; on n’en connaît malheureusement pas les auteurs ni les sources d’inspiration.
Sur la décoration intérieures, hormis les quelques indications portées dans les actes de vente du XVIIIème siècle, nous sommes mal renseignés.
Lors de la vente en 1894, on signalait encore un grand salon de qualité !!! »
 
La façade : la pierre à l’honneur
L’ensemble le plus spectaculaire de divinités mythologiques se trouve rassemblé sur des mascarons sculptés dans la pierre au-dessus des chaque porte-fenêtre du rez-de-chaussée.

Cupidon
Vulcain

Cybèle

Jupiter

Vénus

Mercure

Amphitrite

Cupidon

Vulcain

Cybèle

Jupiter

Vénus

Mercure

Amphitrite

Minerve

Mars

Eole

Saturne

Apollon

Diane

Neptune

Minerve Mars Eole Saturne Apollon Diane Neptune

Au premier étage, chacune des fenêtres comporte une agrafe en forme de cartouche, ornée de feuilles d’acanthe.
Au deuxième étage, les fenêtres sont toutes décorées du même motif qui inscrit une coquille dans une volte.

                Jean-François Asselin.

Photos (les deux en couleur) : www.mmd-patrimoine.fr