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Rencontre 2017 à Sarlat |
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Pentecôte 2017 A l'inverse du cours de la Dordogne, qui en
constituait le fil directeur, leur déroulement ne s'annonçait pas comme un
fleuve tranquille. Car, alors que nous devions commencer par arpenter les rues
de Sarlat, capitale du Périgord Noir, les éléments décidaient d'y faire
obstacle en déversant des trombes d'eau ; mais, par une de ces inspirations
heureuses qui, en d'autres occasions, ont changé le cours de l'histoire, il fut
proposé de permuter la visite de cette cité avec la tenue de l'assemblée. A l'issue de cette dernière, qui vit la gestion des
affaires de l'AAAF et la reconduction du mandat des membres de son bureau
sanctionnées par des votes aussi soviétiques que mérités, il fallut bien
reprendre des forces par la consommation de quelques spécialités locales
savoureuses et diététiques. Cette première journée trouva sa conclusion par des
chansons (en France tout finit par des chansons), dont certaines paroles,
empruntées au langage viril des gens de mer, ne peuvent être rapportées ici,
ces lignes pouvant tomber sous les yeux innocents des membres mineurs de l'AAAF
; ainsi que par un jeu de questions qui donna lieu à une compétition au cours
de laquelle les gentils membres firent étalage d'érudition et d'inventivité. Le lendemain, les cieux, trompés par cette ruse digne
d'Ulysse, avaient décidé de se montrer sous leur meilleur jour. C'est donc sous un
beau soleil que, une fois les brumes matinales dissipées, nous partîmes en
autocar pour Domme, dont la falaise festonnée de constructions dominait
majestueusement notre lieu de séjour. Sur place, nous fûmes transférés dans un véhicule
dont nous savons – depuis l'assemblée générale tenue en presqu'île de Quiberon
– qu'il s'agit d'un « traine - couillons ». Entre nous, les c % en question ce
sont forcément les autres, car nous nous sommes dignement installés dans les
wagons, pour découvrir les richesses architecturales de Domme, puis le point de
vue célèbre sur la vallée de la Dordogne, avant de nous disperser dans le lacis
des rues. Puis nous redescendîmes dans la vallée, suivant la
rivière qui baigne le pied de la falaise dans le flanc de laquelle vient
s'inscrire le village de la Roque-Gageac. Nous avons arpenté ses ruelles
escarpées, ombragées en certains endroits de végétations dont le caractère
manifestement exotique interroge (le bananier n'est pas une espèce endémique). Le site, affecté régulièrement de chutes de pierres,
confirme que nos ancêtres les Gaulois étaient bien fondés à redouter une seule
chose, que le ciel leur tombât sur la tête, par Toutatis ! Nous avons aussi pu contempler la ronde paisible des
gabares sur la Dordogne (voir ci-contre) tout aussi paisible, et d'une flottille de canoës et
kayaks, perpétuant la tradition portuaire de la Roque-Gageac, la Dordogne ayant
servi pendant longtemps d'itinéraire de transit pour les produits venant
d'Auvergne, du Limousin et du Quercy à destination de Bordeaux. La promenade, après un intermède alimentaire dans une
ferme-auberge où nous eûmes la déception de ne pas rencontrer d'accortes
payses, s'est poursuivie jusqu'à Castelnaud, à la confluence des vallées de la
Dordogne et du Céou, écrasée sous la masse de son château-fort. La visite de ce
dernier nous a permis d'admirer une riche collection d'objets destinés à régler
les querelles de voisinage : leur construction en bois est vraisemblablement à
la portée d'un bon bricoleur, même si certains modèles requièrent un grand
jardin. Des remparts de la forteresse, nous avons pu
apercevoir, distante d'environ trois kilomètres, sa rivale séculaire de Beynac,
perchée sur sa falaise. Castelnaud a, à l'instar de beaucoup d'ouvrages
militaires sur cette zone frontière que constituait la Dordogne, connut une
histoire mouvementée : occupé par les Albigeois, il a été brûlé lors de la
croisade contre ces derniers par Simon de Montfort ; il a changé à plusieurs
reprises de mains entre « Anglois » et « François » pendant la guerre de Cent
Ans ; pendant les guerres de religion, il a servi de repaire à un capitaine
huguenot, avant de finir comme carrière de pierres. L'assaut donné aux pentes de Castelnaud nous ayant,
ainsi que la chaleur, quelque peu épuisés, nous avons été contents de retrouver
l'autocar pour gagner un haut lieu de la culture locale. C'est à la ferme du Brusquand à Marquay que nous
avons été initiés au gavage des canards : nous n'avons pas hésité à nous
mouiller. les pieds dans un bain désinfectant pour assister à l'opération
visant à créer une hypertrophie dont, esclaves de nos papilles, nous ne faisons
pas scrupule de nous délecter. Heureusement qu'avant on nous avait instruits des tenants
et aboutissants, révélé la haute antiquité du procédé et rassuré sur l'état
d'esprit des canards qui, si nous avons bien compris, deviendraient accros et
en redemanderaient. Nous avons ensuite dégusté quelques échantillons des
productions locales pour nous assurer que la méthode n'avait que du bon,
puisqu'elle ne produit que des bonnes choses. Notre conscience dès lors apaisée, nous avons pu
reprendre le chemin de l'hôtel pour prendre quelque collation et participer à
une soirée animée où nous attendait un
traquenard, ourdi avec la bénédiction des hautes instances de l'AAAF (ah
! une fois que les élections sont passées.) : en l'espèce rien moins qu'un
questionnaire gratiné, tendant à vérifier si les anciens n'étaient pas trop
ramollis. Il avait été concocté par les jeunes têtes pensantes (un think tank?)
tout au long de la journée, grâce à une consultation judicieuse et fébrile des
tablettes et smartphones, mais aussi en référence à leurs lectures préférées
telle la Guerre des Gaules, qui n'est pas le récit d'une compétition entre
pêcheurs à la ligne qui aurait dégénéré, mais de la conquête de nos ancêtres
déjà cités par les Romains, et ce n'est pas la difficulté à localiser
précisément Alésia qui peut occulter le fait que lesdits ancêtres ont bel et bien
pris la pâtée, par Toutatis (bis ; pour ceux dont la sensibilité littéraire
serait heurtée par la répétition, les aventures d'Astérix le Gaulois
mentionnent d'autres figures du panthéon celte). Le lundi, la visite de Sarlat s'annonçait cette fois
sous les meilleurs auspices, le soleil brillant de nouveau. Nous partîmes
sagement en cortège, retrouver devant l'office du tourisme de Sarlat la
personne chargée de guider nos pas dans la patrie d'Etienne de la Boétie, dont
nul ne peut plus ignorer qu'il fut le meilleur pote de Michel de Montaigne,
célèbre pour ses Essais (non, il ne faisait pas partie du XV de France).
L'hôtel familial de La Boétie se dresse sur la place dominée par la cathédrale
Saint Sacerdos : le saint sacerdoce auquel se livra Sacerdos, né à Calviac près
de Sarlat, en 670, lui valut d'être nommé évêque de Limoges ; il mourut vers
720, alors qu'il s'était mis en route pour voir une dernière fois son village
natal. Nous avons parcouru les rues et places de
Sarlat, bordées de nombreux hôtels Renaissance construits par des notables
soucieux d'avoir pignon, ou plutôt tourelle sur rue ( cette vanité semble avoir
perduré jusqu'à nos jours à en juger par le nombre dans les villages et en
campagne de maisons récentes comportant une tour sommée d'un toit imposant). A l'arrière de la cathédrale, nous
découvrons la lanterne des morts, dont la destination fait l'objet de savantes
polémiques : s'il s'agit du « suppositoire de Gargantua », cela laisse rêveur
quant aux festins pantagruéliques qui devaient précéder et justifier son
intromission. Le guide nous conduisit ensuite devant
l'église Sainte-Marie, désaffectée de son usage religieux et convertie en
marché couvert par le génie de Jean Nouvel, célèbre architecte et enfant du
pays. Devant ces portes monumentales en acier nous nous demandons si, par
hasard, il ne serait pas actionnaire d'Arcelor-Mittal ; en tout cas, il doit
l'être d'EDF car, du fait de ces portes, l'intérieur du marché est si sombre
que même en plein jour, il faut allumer l'éclairage électrique. Trêve de
mauvais esprit : c'est génial puisqu'on nous le dit ! Avant d'arriver devant ce monument, nous
avons cheminé par une rue où l'on a désigné à notre attention un « montoir »,
construction accolée à une porte qui permettait de monter dans les véhicules
sans risquer le contact avec le sol de ladite rue qui, autrefois, laissait à
désirer question propreté et hygiène. Notre président ne résista pas à l'envie
de se jucher sur le susdit édicule, pour juger de la vue qu'on y a. Autre
épisode qui témoigne que la volonté de s'élever est une constante du
comportement humain : sur une placette voisine où trois oies montent une garde
permanente, un jeune membre de l'AAAF, plein de l'ardeur facétieuse apanage de
l'enfance, enfourcha un des palmipèdes ; quelle n'aurait pas été sa surprise si
le volatile s'était alors, tel le jars de Nils Holgersson, envolé pour lui
faire accomplir un merveilleux voyage. Las ! Les ailes étaient de bronze, le
monde où nous vivons est décidément désenchanté. Après un moment de liberté pour achever
la visite à notre convenance, nous regagnons l'hôtel. Nous avons eu ainsi un aperçu
significatif des richesses que recèle la grasse vallée de la Dordogne ; le
bâtiment varié et abondant, édifié dans la « pierre de Sarlat » dont l'ocre se
patine avec le temps et offre la palette de teintes des fromages de Hollande ;
il s'harmonise avec un paysage aux reliefs tantôt adoucis, tantôt abrupts en
surplomb des cours d'eau ; le vert des noyers, des forêts de chênes yeuses, des
jeunes feuilles de tabac repose les yeux. Il pourrait venir à l'esprit que le
Périgord est, de toute éternité, un pays de cocagne. Ce serait oublier qu'il
fut un lieu hanté par les guerres évoquées à l'occasion de la visite de
Castelnaud, et les révoltes des « croquants », nom donné à la fin du XVI ème
siècle aux paysans révoltés par le poids des impôts censés financer le goût des
grandeurs et de la castagne qui animait les gens bien nés.Mais tout cela appartient au passé. |