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Association des Ancelin Asselin et Asseline de France

La Sicile et les Iles Eoliennes - 2022



Le voyage reporté deux fois en raison de la pandémie de la COVID, et donc tant attendu, a pu enfin avoir lieu.

La pluie a accueilli les participants aussi bien à Orly qu’à Palerme. Fallait-il y voir un présage favorable ? On dit bien « mariage pluvieux, mariage heureux », alors pourquoi pas « voyage pluvieux, voyage ... » ?

Arrivés sur le sol sicilien, c’est le traditionnel embarquement dans le bus. Nous traversons des banlieues qui, comme ailleurs, s’avèrent bien moroses.

Heureusement, c’est un palace qui nous attend. Les ors en sont plutôt déteints, et la piscine ne contient pas d’eau, mais bon, cela fera l’affaire.

Nous voilà partis en petits groupes à la découverte des environs, plus pour pourvoir au déjeuner que par curiosité. Nous sommes dans la zone portuaire de Palerme, et le décor est rien moins qu’enchanteur : la pluie persistante, le désordre et la saleté douchent quelque peu notre enthousiasme.

Le lendemain matin, nous entrons dans le vif du sujet en faisant connaissance d’Elena, notre pétulante guide, dont la pratique parfois approximative de la langue de Molière suscitera en permanence notre capacité d’interprétation. Elle saura cependant nous communiquer son amour de sa terre natale, puisqu’elle est Syracusaine. Nous partons en bus pour une rapide découverte de la capitale sicilienne, organisée autour de la « Conca d’Oro » (conque d’or) sertie dans un décor de moyennes montagnes. On imagine une ville grouillante de vie, forte d’un million d’habitants, plus calme ce jour car c’est dimanche. Des quartiers d’habitat dense constitués de barres d’immeubles modernes très proches les uns des autres, côtoient des quartiers plus anciens, ornés de bâtiments baroque, Belle Epoque, Art nouveau. Tous semblent atteints d’un syndrome de décrépitude rapide : c’est ainsi que nous apparaîtra Palerme, à la fois magnifique et pouilleuse, carrefour de styles architecturaux de toutes les époques.

Une fois rendus à la condition de piétons, nous apercevons le Teatro Massimo, une des plus grandes salles d’opéra d’Europe ; nous passons par diverses places dont celle de la Martorana, où s’élèvent deux églises de style arabo-normand. Ce dernier s’illustre dans la cathédrale et le palais royal, célèbre par sa chapelle palatine couverte de mosaïquesbyzantines.

Le déjeuner (pizza au menu) est prévu à Monreale, siège d’une cathédrale, de style identique, également ornée de mosaïques, que nous visiterons l’après-midi, alors que le cloître nous restera fermé. A la fin du repas, un lointain cousin de Ratatouille viendra s’enquérir de notre opinion sur la chère servie, au grand déplaisir des dames du groupe.

La pluie toujours présente nous fera renoncer à la visite de Mondello, un village de pêcheurs.

Lundi, nous quittons Palerme pour aller vers l’ouest découvrir le site de Ségeste, célèbre pour son temple dorique niché dans les collines. Nous y apprenons que celui-ci n’avait eu d’autre destination que de favoriser une alliance militaire avec les Athéniens, et n’a jamais abrité de culte, faute d’avoir été achevé.

Pour gagner ensuite Erice, citadelle médiévale perchée à 750 m au-dessus du niveau de la mer sur le légendaire mont Eryx, nous empruntons une route vertigineuse qui nous fait dominer le site de la ville de Trapani. D’en haut, nous ne verrons  rien, car la ville est noyée dans la brume. Nous nous consolerons en dégustant des gâteaux typiques aux amandes.

Après déjeuner, nous nous rendons à Sélinonte, dont l’acropole, comme partout dans l’Antiquité siège du pouvoir et des prêtres, abrite trois temples dédiés à Aphrodite, Dyonisos et Zeus, ruinés par les Carthaginois et sans doute plus encore par les tremblements de terre.

Le quatrième jour, départ pour Agrigente, sur la côte méridionale de l’île. Une campagne bien peignée, où alternent vignes et champs d’oliviers, d’agrumes, d’amandiers s’offrent à nos regards, contrastant avec l’aspect négligé des villes. Sur place, nous entamons la visite de la vallée des temples sous le soleil enfin arrivé, qui veut faire excuser son retard par une ardeur bien sentie. Onze édifices en l’honneur des dieux et déesses du panthéon grecs dont Héra (Junon déesse du mariage et épouse fort trompée), la Concorde, Héraklès, Zeus, Castor et Pollux y sont recensés, constituant le plus grand parc archéologique d’Europe.

Poursuivant notre route pour déjeuner dans la région de Piazza Armerina, en passant par des zones plus escarpées, où apparaissent quelques élevages et des exploitations minières (soufre), nous allons découvrir la villa impériale de Casale, « pavillon de chasse » édifié pour l’empereur Maximien Héraclius vers 300 ap. JC, dont les sols recouverts de mosaïques romaines et africaines ont été protégés de l’outrage du temps par un glissement de terrain. L’étape du jour s’achève à Acireale, au nord de Catane ; des fenêtres des chambres de l’hôtel, l’Etna, la « montagne » pour les Siciliens, enneigé à son sommet, s’offre en majesté.

Le lendemain, une étape du Giro, le tour d’Italie, contrarie notre progression vers Syracuse. Nous parvenons cependant à bon port, pour entamer d’abord la visite du parc achéologique de Neapolis : les latomies, carrières de pierre célèbres pour l’oreille de Denys (cavité créée par l’homme et présentant une particularité acoustique), des tombes troglodytiques et niches funéraires byzantines,le théâtre grec et l’amphithéâtre romain. Des hordes d’enfants et adolescents italiens, aussi bruyants et remuants que les nôtres, créent une forte animation, comme à Agrigente : ce doit être la période des voyages scolaires. Une bouffée de nostalgie envahit à cet instant les membres du groupe qui eurent à s’occuper de la formation de ces chères têtes blondes (plutôt brunes par ici). Syracuse a encore à nous révéler d’autres richesses, comme le quartier d’Ortygie, situé sur une presqu’île. Mais la fatigue commence à se faire sentir ; les déambulations, la chaleur entraînent quelques désertions ou replis stratégiques vers des lieux pourvoyeurs de rafraîchissements.

Le déjeuner est donc le bienvenu, suivi l’après-midi d’une promenade dans la ville de Noto, ville aux bâtiments de style baroque, reconstruite après un séisme.

Au sixième jour, un morceau de choix nous est proposé : la montée à L’Etna. Nous gagnons d’abord une station sise à 1800 m ; une grande partie du groupe choisit l’ascension jusqu’à

l’altitude de 2750 m par funiculaire puis par 4x4, pour pouvoir toucher la neige. Nous déjeunons sur place ; des boissons revigorantes sont offertes pour réchauffer ceux qui se sont mouillé les pieds.

La journée s’achève à Taormina, une des destinations les plus prisées de Sicile, balcon suspendu au-dessus de la Mer Ionienne, dominée par son théâtre grécoromain. Un tournage de film perturbe notre passage dans la rue principale. Nous reprenons l’autocar pour gagner, en longeant la baie de Messine, d’où nous apercevons Reggio de Calabre, située sur le continent, notre séjour de Milazzo, point de départ pour les Iles Eoliennes. Le soir, nous nous retrouvons à un apéritif presque les pieds dans l’eau, pour fêter les quelques printemps d’une participante.

Au matin du 7ème jour, nos fenêtres s’ouvrent sur une vaste baie où la Mer Thyrrénienne ne voit sa paix troublée que par quelques barques de pêcheurs, mais bientôt s’anime par la ronde des bateaux en partance pour les Iles Eoliennes. Peu de temps après, nous embarquons sur l’un d’eux pour gagner Lipari, l’île principale. Après le déjeuner dans un restaurant typique, nous réembarquons à destination d’autres îles. A Pannarea, une explosion du Stromboli, dont nous apercevons au nord la forme conique, vient troubler la torpeur de l’après-midi. Un panache de fumée noire s’élève dans le ciel azuréen.

A Stromboli même, alors que nous nous promenons dans les ruelles de la ville, nous nous rendons compte que la précédente manifestation n’était pas anodine. Le feu s’est déclaré dans la végétation qui tapisse les flancs du volcan, et nous assistons bientôt à la ronde de deux bombardiers d’eau qui viennent écoper au large du port pour venir déverser leur cargaison d’eau.

Le soir, nous reprenons le bateau pour un dîner à bord : au menu navigation vers la Sciara del Fuoco (toboggan de feu : coulée de lave qui ne se voit bien qu’une fois l’obscurité venue) et « maccheronata » plat de pâtes typiquement sicilien. Las ! Le syndicat d’initiative qui estime en avoir assez fait avec l’explosion et l’incendie a éteint le volcan, et il faut s’appliquer à mâcher vigoureusement la maccheronata, vraiment « al dente ».

Samedi, nous reprenons le cours de notre odyssée pour faire le tour de l’île de Vulcano, ainsi nommée car présumée être le lieu où Vulcain, dieu du feu et des forgerons, s’était établi. Il doit être à l’oeuvre car des fumerolles s’élèvent. Lors de notre débarquement à Porto di Levante, nous percevons nettement dans l’air une odeur de soufre.

Suite au déjeuner à Lipari, nous effectuons un tour de l’île en autobus, riche en points de vue sur la mer, les îles de l’archipel dont Salina où pousse le raisin dont on tire le « malviasa », le fameux vin de Malvoisie que nous aurons l’occasion de goûter, et une carrière de pierre ponce. A la fin du dîner, pour clore un repas animé par la verve du patron, un membre du groupe, « fendant l’armure », nous révèle au travers d’une ode en l’honneur d’une Pénélope aimée mais hélas perdue, un penchant pour la poésie lyrique. A n’en pas douter notre passage à Messine, opérant comme la madeleine de Proust, l’a fait se ressouvenir de cette oeuvre de jeunesse puisque c’est à hauteur du détroit éponyme que l’Antiquité situait la résidence de Charybde et de Scylla , deux monstres marins rendant la navigation particulièrement dangereuse, et auxquels Ulysse aura à échapper dans son retour vers Ithaque, son île natale, et son épouse  Pénélope.

Le dernier jour du voyage est arrivé. Nous disons adieu à Lipari, à ses ruelles étroites dominées par une citadelle, pour rejoindre Milazzo et reprendre la route côtière, où alternent tunnels et viaducs, puis monter vers le village de Castelbuono, écrasé par le château féodal des Ventimiglia. Nous y parcourrons une place bordée par une église à portail de type gothique catalan ; elle est le débouché d’une rue commerçante où nous goûtons spécialités à la pistache et pannetone, le tout arrosé de limoncello.

Nous déjeunons dans les environs au son d’un accordéon qui donne des fourmis dans les jambes à un de nos compagnons. Nous descendons ensuite vers Cefalu, autre site incontournable, port de pêcheurs niché au pied d’une imposante falaise, où se presse la foule des Palermitains venus chercher la fraîcheur des ruelles et une plage de sable blond. Le voyage est à son terme. Nous retrouvons les splendeurs du palace San Paolo à Palerme ; notre guide Elena prend congé de nous.

Le lendemain, c’est le passage à l’aéroport, l’envol pour la France, l’arrivée à Orly, la séparation du groupe. Le voyage s’est bien passé, seulement animé de quelques escarmouches avec

les serveurs qui n’ont pu s’empêcher d’essayer de nous faire payer des consommations alors que le contrat avec le voyagiste stipulait « 1/4 de vin par personne et par repas » : c’était de leur part mal connaître leurs cousins transalpins qui sont intransigeants lorsqu’ils sont sûrs de leur bon droit !

Chacun rentre chez soi avec l’impression de connaître un peu mieux la Sicile, carrefour de peuples, avec leurs civilisations; avec sa réputation sulfureuse due non pas à la présence de volcans, mais à celle de la Mafia, pieuvre largement fantasmée mais réalité au quotidien, dont la vue de la prison d’Ucciardone, siège du maxi-procès contre les chefs de l’organisation criminelle, nous a rappelé l’acuité. Terre de contrastes avec ses palais et ses taudis, ses régions où les cultures dévalent jusqu’à la mer et ses zones portuaires défigurées par l’industrie. Le tout sous le soleil qui, comme le dit la chanson, est censé rendre la misère moins pénible.

Claude Andrieux
et Marianick Andrieux